Le séminaire de recherche THP « Généalogie du projet contemporain » et le laboratoire LIAT invitent

Georges Teyssot, professeur Université de Laval, Québec, qui interviendra sur le thème

Lignes nomades et Diagrammes machiniques

Jeudi 3 Novembre à 15h00 / Salle 206
ENSA Paris-Malaquais
14 rue Bonaparte
75006 Paris

L’intervention de Georges Teyssot sera suivie, à 17h00, de la présentation publique de la thèse de doctorat de Sébastien Bourbonnais sur le thème : "Sensibilités technologiques et explorations formelles. Architectures 1987-2009"
Co-directeurs de la thèse : Professeure Dominique Rouillard, Prof. ENSA Paris-Malaquais (ENSAPM), Directrice du LIAT, et Prof. Georges Teyssot (École d’Architecture, Université Laval, Québec).

L’intervention de Georges Teyssot portera sur le statut de la ligne nomade, partant de la ligne nordique et abstraite de Worringer, puis celle, infléchie, de Klee, jusqu’aux splines en modélisation 2D/2D. Telle que définie par Gilles Deleuze et Félix Guattari, la ligne nomade circule dans un espace ouvert et connecté (réseau ou rhizome), devenant circulation et transport plastique. Cela requiert une topologie extraordinairement fine du type brouillard ou brume, qui relève des espaces lisses. C’est pour répondre au paradoxe de l’épuisement des cycles génétiques, que d’aucuns ont proposé d’introduire trois niveaux théoriques de complexité, inspirés de l’œuvre de Deleuze : penser en terme de population (et non d’individu); penser en terme de différence d’intensité (thermodynamique et entropique); enfin penser en terme de topologie.

Quelle en est la conséquence pour l’architecture? Ce que Deleuze appelle un diagramme, en empruntant la notion à Michel Foucault, est une machine abstraite. Cette machine concerne la présentation des rapports de forces propres à une strate, et double sur un mode intensif les formations stratifiées, celles de l’histoire et de la société. Un tel diagramme intensif ne doit pas être conçu comme une structure permanente, ni comme une forme préexistante, mais bien comme un problème virtuel, un complexe de forces. Le diagramme n’est pas historique, il relève du devenir. Indissociable de son actualisation, le diagramme sert à injecter du devenir en tous les points de la réalité stratifiée. Le concept de diagramme comme machine abstraite permet de comprendre la réalité à la fois machinique et biologique d’une institution, d’un dispositif, ou même d’un logiciel. Dès lors la ligne nomade adopte comme modèle la turbine et le fluide, prenant en compte une ligne cinétique.

Georges Teyssot (né à Paris en 1946) a enseigné l’histoire et la théorie de l’architecture à l’IUAV (Venise, Italie); à l’École d’Architecture de l’Université de Princeton (USA), où il dirigera le programme de doctorat en architecture (1994-2000); ainsi qu’au GTA (Institut de Théorie et d’Histoire), au sein du Département d’Architecture de l’ETH de Zurich (Suisse). Actuellement, il est professeur titulaire à l’École d’Architecture de l’Université Laval de Québec (Canada). Auteur de nombreux ouvrages traduits en plusieurs langues, dont Interior Landscape (Rizzoli, 1988), Flesh: Architectural Probes (introduction, Princeton Architectural Press, 1995 ; reprint, 2011), The American Lawn (dir., Princeton Architectural Press, 1999), etc., ses recherches actuelles portent sur l’invention de dispositifs spatiaux, technologiques et numériques à l’origine de nouvelles conditions d’habitation dans les sociétés industrielles, puis informatisées, entre 1830 et 2010.