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architexts ISSN 1809-6298

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SALOMON, Maria Helena Röhe. Programme Favela-Bairro, le cas de Vila Canoa. Arquitextos, São Paulo, dates.year 06, n. 064.09, Vitruvius, dates.sep 2005 <https://vitruvius.com.br/revistas/read/arquitextos/06.064/429/fr>.

Vila Canoa (2) est une petite favela située à Rio de Janeiro. Les habitants de cette communauté font partie des 20 % de la population de la ville qui vit dans des ensembles informels. Elle se trouve aux abords d’un quartier urbanisé légal, le quartier de São Conrado, au sud de la ville, sur une petite bande de terrain de 2,2 ha au fond d’une vallée, délimitée par trois rues et le ruisseau Canoas. Dans le même quartier, sur la côte du massif de Tijuca, se trouve la plus grande favela de Rio, Rocinha, qui compte plus de 56 000 habitants sur 144 hectares (3).

L’occupation de cette partie de la ville commence il y a 65 ans, à partir de petites maisons utilisées par les employés du club de golf de Gávea, la communauté de Pedra Bonita, une colonisation disséminée sur la pente, limitée par le ruisseau. Pour ces habitants (et leurs descendants), le rapport avec le club de golf offrait la garantie d’un logement. La perte de cette relation a favorisé la création de Vila Canoa, favela située de l’autre côté du ruisseau. Protégée par la forêt, Vila Canoa attirait des immigrants provenant d’autres Etats. Malgré l’absence de services de base et les difficultés rencontrées pour construire des maisons, les nouveaux arrivants trouvaient facilement du travail dans les chantiers de construction des quartiers voisins de São Conrado et Barra da Tijuca, en grande expansion à cette époque.

Dans les années 1970, le gouvernement a tenté de réguler cette colonisation sauvage à travers le programme “A chaque famille, une parcelle”. Nonante-trois domiciles, identifiés dans le tracé original des rues et des parcelles, ont été régularisés à cette occasion. Le système d’approvisionnement d’eau, construit par les habitants, et un réseau rudimentaire d’égouts ont été, petit à petit, complétés par le réseau électrique, l’implantation de voies d’accès au quartier voisin et la construction d’une garderie d’enfants privée, d’une école et d’une petite clinique de santé publique. N’ayant pas la possibilité d’acheter une maison, les habitants sont devenus auto-constructeurs, grâce au savoir acquis sur les chantiers. Ils réalisent aussi bien la structure des bâtiments que les installations électrique et hydraulique, en passant par l’établissement de règles communautaires.

Le programme Favela-Bairro

Les politiques publiques de logements et d’infrastructures urbaines n’ont jamais su répondre aux besoins existants. Le grand nombre d’occupations irrégulières a déterminé la création, en 1993, du Groupe Spécial d’Occupations Populaires (GEAP), qui a créé le programme “Favela-Bairro”. Construire la ville là où il y avait des maisons était une des propositions de cette initiative de la Municipalité qui, en dix ans, a transformé environ cent favelas en quartiers, touchant une population de cent vingt mille habitants.

Les projets de voirie permettant l’accès aux services publics – eau, égouts, drainage, éclairage public et assainissement – ont été complétés par la construction d’équipements publics et communautaires, de garderies, cliniques, terrains de sport ou ateliers. Selon une approche nouvelle par rapport à la culture urbanistique brésilienne, plusieurs agences multidisciplinaires, choisies sur concours publics et pilotées par le Département de Logement de la Mairie, ont établi les plans d’intervention. Le programme prévoyait de travailler simultanément dans plusieurs quartiers de la ville, en tenant compte des difficultés d’élaboration des cartes géographiques, de la consolidation d’une méthodologie et de la définition des solutions possibles. Au-delà de la contribution de la Mairie pour les quinze premiers projets, des accords avec la Banque Inter Américaine de Développement (BID), l’Union Européenne et la Banque Mondiale (BIRD) ont permis d’augmenter les ressources.

Pour favoriser l’inclusion sociale – et non seulement urbaine –, certains programmes visaient, entre autres, des aides financières pour des activités de sports et loisirs ou des actions de propreté et de reforestation des côtes. Un crédit fut destiné à la rénovation des maisons. En ce moment, le grand défi est la surveillance et le contrôle de l’expansion des zones qui bénéficient de ce programme. La régularisation urbaine est réalisée par la concession du “habite-se”, un document livré par les “Pousos” (ou Antennes d’Orientation Urbaine et Sociale), liés au Département d’Urbanisme de la Mairie. La régularisation du terrain est faite ultérieurement selon le droit privé.

Le terme “habite-se” dérive d’habiter, avoir des conditions de logement salubre, suffisamment éclairé et ventilé. Toutes les procédures légales qui, dans la ville formelle, se font à priori – approbation du projet par plusieurs législations spécifiques – sont mises en place à posteriori dans ces zones déclarées “d’intérêt social spécial”. La nouvelle législation résulte du cadastre, qui définit les espaces publics, l’usage et l’occupation du sol, les limites d’expansion verticale et horizontale ainsi que l’identification des zones à risque géologique. Les “Pousos” sont responsables de l’élaboration et de la fiscalisation des parcelles et collaborent avec les institutions responsables de l’entretien et de la promotion sociale. L’interdiction des constructions irrégulières n’est malheureusement pas toujours respectée, ce qui entraîne des démolitions dans certains cas.

Le plan d’intervention de Vila Canoa

Alors que l’ensemble de Vila Canoa a été inclus dans le programme “A chaque famille, une parcelle”, l’ensemble de Pedra Bonita appartenait à un propriétaire privé, le Gávea Golf Club. Les deux ensembles ont été groupés au sein d’une branche du Favela Bairro, le “Bairrinho”. Le financement des opérations a été rendu possible par un accord signé avec l’Union Européenne, à travers l’ONG Come Noi. Depuis 1997, l’ensemble est passé de 356 unités de logements à 588 familles, selon les données du centre médical de Vila Canoa. La garderie d’enfants, le centre municipal d’assistance social (CEMASI, qui s’occupe des activités pour tous les âges), le centre médical pour les familles et le “Pouso” font partie des nouvelles constructions. Du point de vue de la structure urbaine, l’amélioration des accès sera complétée, dans un proche avenir, par de petites places et par la construction d’une route le long du ruisseau canalisé. Cette étape du chantier est subordonnée au relogement de 140 familles qui occupent des zones à risque sur le ruisseau Canoas. Le terrain est traversé par un système de petites ruelles qui aboutissent sur un mur bordant le ruisseau. Il y a une activité commerciale assez active, constituée de petits restaurants et de bars situés aux limites de la ville formelle. La population gagne en moyenne entre trois et cinq salaires minimums (4). Il existe, malgré tout, d’énormes différences de qualité entre les habitations: celles qui sont à côté du ruisseau ou au rez-de-chaussée ont les pires conditions hygiéniques, sans ventilation ni illumination naturelle.

Un des résultats positifs de l’implantation du programme “Bairrinho” à Vila Canoa était le projet “Bela Favela”, réalisé en 2001 par l’agence Arquitraço, l’équipe responsable du plan d’intervention. Réalisé avec l’ONG Come Noi et l’Association d’Habitants de la Vila Canoa, ce projet-pilote a visé la rénovation des façades des maisons par l’application de revêtement artistique créé par les habitants. Normalement, dans l’auto-construction des logements, le revêtement extérieur est négligé.

Aujourd’hui, Vila Canoa attire de nouveaux habitants et des touristes. Les habitants divisent les unités résidentielles pour les louer aux nouveaux arrivants. Les questions de salubrité constituent l’enjeu le plus important. Vila Canoa est devenue une structure urbaine permanente, avec un charme tout particulier.

notas

1
Article publié originalement dans le numéro spécial sur le Brésil de la revue Tracés – Bulletin technique de la suisse romande. SALOMON, Maria Helena Röhe. “ Programme Favela-Bairro, le cas de Vila Canoa“. Lausanne, Tracés, n° 15/16, ano 131, 17 agosto 2005, p. 30-32. L'article de Renato Anelli, ici présenté, a été déjà publié dans Vitruvius. Les parties de cette étude son:

 

GUERRA, Abilio. "Un mariage à la brésilienne / éditorial". Arquitextos nº 64. São Paulo, Portal Vitruvius, set. 2005

 

OLIVEIRA, Olivia de; BUTIKOFER, Serge Butikofer. "Un voyage vers l’architecture brésilienne". Arquitextos nº 64.01. São Paulo, Portal Vitruvius, set. 2005

 

ANELLI, Renato. “Architecture et éducation à São Paulo”. Arquitextos, nº 55.02. São Paulo, Portal Vitruvius, dez. 2004

 

GIMENEZ, Luis Espallargas. "Les quatre écoles de la FDE à Campinas". Arquitextos nº 64.02. São Paulo, Portal Vitruvius, set. 2005

 

EKERMAN, Sergio Kopinski. "L’oeuvre multiforme de Lelé". Arquitextos nº 64.03. São Paulo, Portal Vitruvius, set. 2005

 

SALOMON, Maria Helena Röhe. "Programme Favela-Bairro, le cas de Vila Canoa". Arquitextos, Texto Especial nº 331. São Paulo, Portal Vitruvius, set. 2005

 

2
Dénomination de l’ensemble formé par les communautés de Vila Canoa et Pedra Bonita

 

3
Source: Censo, 2000.

 

4
Le salaire minimum à Rio de Janeiro est de 326 reais, l’équivalent de 110 eur

à propos de l'auteur

Maria Helena Röhe Salomon, architecte et urbaniste Service d’Urbanisme de la Ville de Rio de Janeiro

Traduction Flávio Coddou

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